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Augmentation des prix du carburant et l’impact incontestable sur le coût de la vie 

Mesures d’accompagnement et autres indemnisations autant de promesses non tenues

Lundi 8 Septembre 2014

Augmentation des prix du carburant et  l’impact incontestable sur le coût de la vie 
 
Le ministère de l'Energie précise 
que le changement du prix 
du gasoil est dû à la révision 
de la subvention


Si les utilisateurs d’essence super et de fuels peuvent avoir quelques petites raisons d’être plus ou moins satisfaits à l’annonce d’une baisse des prix, à partir du début de ce mois courant, ceux du gasoil, en revanche, ne sont pas au bout de leur peine. Et à juste titre, d’ailleurs. C’est qu’ils ne sont pas du tout concernés par ces réductions affichées par le ministère chargé des Affaires générales et de la Gouvernance et doivent encore et toujours s’acquitter de près de 10 DH le litre à la pompe. 
Et la dernière mise au point du ministère de l'Energie, des Mines de l'Eau et de l'Environnement, parvenue à la Map samedi dernier, n’est pas pour les rassurer. En fait, dans ce communiqué, le ministère explique que la moyenne des prix du gasoil au niveau international enregistrée durant la période de révision et les  taux de change du dollar sont des éléments décisifs dans la prise de la décision de modifier ou non le prix du gasoil.
Cette même source précise également que le changement du prix de ce dernier, observé depuis des mois, est dû à la révision de la subvention de ce produit justement, en vertu de l'arrêté conjoint du ministre de l'Economie et des Finances et du ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement et du ministre chargé  des Affaires générales et de la Gouvernance. Cet arrêté a, en effet, porté sur la fixation de la subvention unitaire du gasoil au titre de l'année 2014, qui doit être réduite de 0,45 dirham le litre tous les  trois mois.
Cette situation suscite affres et panique auprès des utilisateurs de ce type de carburants qui se rappellent, avec grande désolation, qu’il y a à peine deux ans, ils payaient 3 DH de moins le litre ! 
Etat d’exaspération accentuée par la dernière hausse du gasoil, de tout de même 49 centimes d’un coup, en juillet dernier. La nouvelle était déjà tombée tel un couperet sur ces utilisateurs.
Ce qui est compréhensible lorsque l’on sait que la subvention accordée par l’Etat au prix du gasoil est passée de 1,70 DH à 1,25 DH par litre. C’est ce qui a, d’ailleurs, fait augmenter le prix payé à la pompe de presque 50 centimes. 
En fait, en moins de deux ans, soit depuis le début de la décompensation, le prix du gasoil à la pompe a augmenté de 18%. Ainsi, il a grimpé de 8,15 DH le litre en septembre 2013, pour atteindre 9,65 dirhams aujourd’hui, soit 1,50 DH de hausse !
 
Avoir voix au 
chapitre est un droit
Et la goutte d’eau qui fera, peut-être, déborder le vase concerne la révision prochaine de ce prix, prévu pour octobre prochain. L’on s’attend, en principe, à ce que le prix du gasoil arrive à 9,89 DH le litre. 
Et à cette date, stipule le communiqué susmentionné, il s’agira de la dernière révision de cette subvention pour l'année en cours et qui atteindra 0,80 DH/l. 
Subséquemment, le gouvernement devra trancher sur le maintien de cette subvention. D’aucuns envisagent le pire et l’on comprend dès lors le souci des consommateurs d’un produit qui représente, quand même, pas moins de 45% de la consommation globale des produits pétroliers. 
En fait, le scénario le plus pessimiste est que finalement le gasoil subisse le même sort que les autres carburants qui ne font plus partie des produits subventionnés par la Caisse de compensation. L’on se rappelle, en effet, le récent abandon du soutien par l’Etat de l’essence super et du fuel industriel, destiné aux grandes industries, tandis que le gasoil domestique resta encore subventionné. Certes, c’est sans vouloir jouer les Cassandre que l’on se souvient également, mais non sans reproches non plus, de cette décision qui, a été publiée dans le Bulletin officiel n°6222 du 16 janvier 2014, et qui n’avait, nullement et d’aucune sorte, fait l’objet de concertation préalable.
Vivement, estime un économiste de la place, que le gouvernement ne commette pas les mêmes impairs et ne tombe pas, encore une fois, dans la précipitation ! A l’instar de ce qui s’est produit l’année dernière avec Najib Boulif, alors ministre des Affaires générales, économiques et de la Gouvernance, quand il s’est dit convaincu que l’indexation partielle est une porte d’entrée pour la réforme de la Caisse de compensation. Sur sa lancée, il avait déclaré lors d’un briefing au siège de son département, qu’il avait l’intention de s’attaquer, par la suite, à la révision de la structure des prix des produits subventionnés, particulièrement pétroliers. De fil en aiguille, le ministre était revenu sur les mesures d’accompagnement de cette hausse pour dire qu’il était en négociation avec les professionnels de transport. Et suite à la promesse de ces derniers de ne pas répercuter les hausses des carburants et du fuel industriel sur les consommateurs, le ministre s’était engagé à examiner leurs doléances en vue d’en introduire certaines dans la loi de Finances 2015. 
 
Promesses non tenues
Au jour d’aujourd’hui, les deux parties semblent ne pas avoir respecté leur part du contrat. Constat indéniable, une visite éclair auprès des conducteurs de petits et grands taxis nous apprend que la mise en œuvre de ces mesures d’accompagnement promises par le gouvernement a du mal à décoller et ces derniers n’ont pas vu l’ombre d’une quelconque sorte d’indemnisation depuis la fameuse hausse de 2012 à nos jours. Et pourtant, Najib Boulif avait déclaré, en cette même période, qu’il s’agissait juste de réglages en cours pour élaborer, au bout du compte, une formule afin de restituer les hausses aux 85.000 taxis et aux autres transporteurs. Mais c’est dire aussi que ces ajustements ne sont pas aussi facilement réalisables eu égard à toute la complexité du processus dont un circuit infernal de paperasse… Du côté des transporteurs, ce n’est pas la joie qui prédomine pour eux non plus. Tandis que certains n’y vont pas avec le dos de la cuillère en critiquant vaillamment le gouvernement de ne pas respecter ses promesses, le président de la Fédération nationale du transport, quant à lui, tempère sur les colonnes de nos confrères en affirmant que des mesures ont été convenues avec le ministère de l’Equipement, du Transport et de la Logistique et devraient être présentées dans le projet de loi de Finances 2015. Il s’agit, poursuit-il, en particulier de la hausse de la TVA sur le gasoil de 10 à 20% et le maintien de sa récupération par les entreprises du transport routier. Aussi, ce professionnel du transport, rappelle sans cesse dans presque toute la presse nationale, que sans l’intégration de leurs mesures proposées dans le projet de loi de Finances, le secteur «serait mis à mal et de nombreuses entreprises pourraient basculer dans l’informel».
En effet, le risque existe bel et bien, lorsque l’on prend conscience que le gasoil est le principal poste des charges d’exploitation dans le fret routier comme dans le transport de voyageurs. Il faut savoir, en fait, que la part du transport dans la consommation du gasoil est beaucoup plus importante et dépasse de loin celle de l’essence (42,6 % contre 7,6%). Ce qui fait de ce secteur, le premier consommateur du gasoil au Maroc avec un parc considérable (407.803 véhicules dont 88.070 pour le transport public de voyageurs et 318.733 pour le transport de marchandises). 
 
Frénésie sur tous 
les marchés depuis 2012
Et comme d’aucuns savent que quand le prix des carburants augmente, tout augmente, un petit tour au marché de gros des fruits et légumes de Casablanca s’imposait pour nous permettre de constater que les commerçants continuent de ressentir l’effet des augmentations saccadées et par conséquent ils n’hésitent pas le moins du monde à « se récupérer » au niveau des prix de vente.
En effet, une forme de mécontentement a été enregistrée, en 2012 déjà, après l’application de la majoration de 1 dirham du prix du gasoil à la pompe, auprès des camionneurs qui exigeaient une augmentation de 300 dirhams comme suppléments de frais de transport. 
C’est aussi en cette année que les transporteurs de voyageurs, routiers et de marchandises avaient appliqué une hausse de 10% sur leurs tarifs. Même un agriculteur qui utilise dans les 300 litres de gasoil, à peu près pour l’irrigation et le pompage d’eau, n’hésite pas, sans grands regrets apparemment, à récupérer le surcoût sur les prix à la consommation.
Et c’est loin d’être fini. Il ne se passe pas un jour sans constater les effets directs et indirects en cascade de ces augmentations des prix de gasoil. 
La révision à la hausse, décidée par le gouvernement Benkirane et entrée en vigueur le 3 juin 2012, a décidément été le starter qui a provoqué des remous sans précédent, dans toute l’histoire du Maroc.
Très vite les questions avaient achoppé à l’époque sur cette décision qui va à l’encontre des objectifs de l’amélioration du pouvoir d’achat claironné sur tous les toits. Pire encore, tout porte à croire que Benkirane et son team n’ont fait que balancer des promesses en l’air concernant notamment la croissance économique, l’emploi, le maintien du pouvoir d’achat… en oubliant, tout compte fait, la pression intenable de ses éventuelles répercussions fâcheuses sur le consommateur pauvre et moyen quand on s’attaque à son portefeuille.
A ce sujet, il n’est pas superflu de tirer chapeau au Haut-commissariat au plan (HCP) et au Centre marocain de conjoncture (CMC) qui ont le mérite d’avoir réalisé pour la circonstance, des simulations d'impact de la hausse des prix des produits pétroliers sur l'économie marocaine.
A l’époque déjà, le Centre dirigé par Habib El Malki mettait en exergue une influence sensible sur la dynamique de demande tant interne qu'externe suite à ladite hausse des prix des carburants.
Dans la foulée, le CMC appelait à ce qu'une approche plus anticipative soit mise en place pour atténuer les tensions perceptibles tant au niveau des marchés que des acteurs, et partant prévenir un retour à la spirale inflationniste.
Ce constat était corroboré par le HCP qui avait, chiffres à l’appui, anticipé aussi une évolution qui devait accroître les prix intérieurs, réduire le pouvoir d'achat, affecter la consommation des ménages et, par ricochet, se traduire par une baisse de l'investissement, de l'emploi et de la croissance.
 
«Parole, parole, parole…»
Pavé dans la mare, cette situation tendait à menacer paix et cohésion sociales d’une manière ou d’une autre. 
Et qu’est-ce qu’il a l’actuel Exécutif à se défausser face à ce qui se déroule ? D’aucuns savent pertinemment qu’il n’est pas question de résoudre ces problèmes avec une poudre de perlimpinpin, mais tout de même le gouvernement dirigé par les pjdistes a inscrit au fronton de son programme, la lutte contre la corruption et la poursuite de la croissance économique. Et plusieurs économistes avertis insistent pour relever que pour le moment, Benkirane et son équipe n’ont produit que promesses enrobées dans de beaux discours. «On oublie souvent que cet Exécutif, aux prérogatives jamais égalées précédemment, a succédé à des cabinets particulièrement laborieux à la tâche; à l’instar de celui de Jettou, qui a transformé l’essai de son illustre aîné El Youssoufi et qui a rempli un mandat dense, épais et vigoureux», soulèvent-ils avant de pointer du doigt une dynamique pjdiste en rupture avec la pédagogie économique qui a prévalu plus d’une décennie durant. Il est vrai qu’à la suite notamment de la hausse de 2012, moult avis mitigés fusaient : d’un côté, certains défendaient bec et ongles cette augmentation qui devait, au final, se traduire par une économie de 9 milliards de DH sur une année, soit une réduction de la facture énergétique globale à hauteur de 10%. Et de l’autre, plusieurs s’interrogeaient sur le pourquoi de prises de décision à la hâte. Ils rappellent, à ce sujet, l’affolement du gouvernement- état déclenché par le prix du baril de pétrole qui avait atteint à l’époque 120 dollars avant de chuter fortement à 98 dollars - alors que les gouvernements passés n’avaient pas paniqué à ce point et ce, combien même le taux du baril frôlait les 200 dollars ! Ces analystes ne comprennent pas pourquoi le gouvernement actuel ne suit pas, tout « bêtement », les traces de ses prédécesseurs qui, eux, procédaient seulement à des augmentations insignifiantes jamais ressenties par l’utilisateur. Bien au contraire, tonnent-ils, ils avaient accusé le coup à plusieurs reprises en assumant même responsabilités et conséquences ! Autre problème à gérer par l’Exécutif actuel, quid des répercussions en cascade de ces hausses qui viendraient rogner le pouvoir d’achat des ménages ? Sachant que dans ce décor, déjà pessimiste, viennent s’incruster le récent passage de Ramadan avec sa frénésie consommatrice, ainsi que la fin de la période estivale et son trend dépensier et pour clore ce cercle infernal, la rentrée scolaire et ses montagnes de fournitures. Avec ces hausses des carburants qui frisent l’impensable, les citoyens sont dans la panade. La pilule est encore dure à avaler pour ces derniers. En ces temps difficiles, une planche de salut serait salutaire de la part de Benkirane…qui semble plus enclin à appliquer, à la virgule près, les diktats des institutions de Bretton Woods (qui sont pour supprimer définitivement les subventions des  carburants) et très loin de se soucier des Marocains ! Comme quoi les promesses n’engageraient, finalement, que ceux qui y croient, et non ceux qui les émettent. Et pour paraphraser, Napoléon Bonaparte : «Le meilleur moyen de tenir sa parole est de ne jamais la donner».Tout en oubliant les franges les plus démunies du Maroc, Benkirane a également oublié qu’il n'y a de pire aveugle que celui qui ne veut point entendre. 
 

Meyssoune Belmaza

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